Ecrire pour comprendre

Sylvain RISSE Par Le 17/01/2022 0

Je suis convaincu que le fait d'écrire est fondamental pour comprendre les situations cliniques et développer ma pensée. Et pourtant ... c'est toujours un défi pour moi. 

J'écris pour comprendre, comme souvent je parle pour comprendre. Alors c'est long, c'est laborieux, c'est souvent décevant et parfois, c'est étonnant !

Ma pratique d'écriture reste souvent embryonnaire. Elle reste longtemps à l'état de notes, de début de réflexion, d'hypothèses, ... C'est une discipline que je peine à mettre en place. Je rêve de pouvoir être en mesure de dire : j'écris chaque jour quelque-chose qui fait progresser ma compréhension, ma connaissance, et ma compétence. C'est décidé, en 2022, je m'y mets !

Pourquoi faire ça ? Pourquoi écrire ?
Chercher en écrivant permet d'une part de cerner la question associée à la situation qui me préoccupe. Il s'agit de "problématiser" : poser l'enjeu de la recherche, avec l'ambition d'en savoir plus sur le sujet. C'est déjà un sujet d'écriture en soi : pourquoi ce sujet me préoccupe ? quel est mon besoin ou le problème qui pousse vers la réflexion ?
Ecrire permet aussi de faire le tour de mes connaissances actuelles sur le thème. Je parle ici d'abord de mes connaissances spontanées. Celles qui sont à l'œuvre dans une séance, qui se mobilisent automatiquement dans les supervisions, qui orientent mes choix thérapeutiques. Il s'agit donc de faire le tour de mes croyances. L'objectif est alors de les revisiter pour les mettre à jour, de m'étonner, de me réconforter, d'entretenir la stimulation !
Ecrire, c'est alors faire émerger une nouvelle façon d'aborder le thème, d'ouvrir à des champs de connaissance inconnus de moi, et de me familiariser avec eux. Ce sera l'opportunité de communiquer quelque-chose de nouveau à mes patients, mais aussi à mes collègues.
Ecrire, c'est encore la possibilité gratifiante, et narcissique, de se voir publier, de proposer ma pensée, mes réflexions, mes sources, mes argumentaires, ... Pas nécessairement le meilleur argument pour justifier le travail d'écriture, mais soyons franc, c'est certainement l'argument le plus réel. C'est même le seul argument qui reste quand on est face à la page blanche, une date butoir, ou ... à une nuit blanche.
Ecrire, c'est enfin (cela devrait l'être en premier lieu...), la possibilité de mieux accompagner les personnes avec lesquelles je travaille.
 
Pourquoi je ne le fais pas ? 
Je remets toujours à plus tard le travail d'écriture parce que cela me demande évidemment beaucoup de temps et mon impatience est trop mise à l'épreuve. Je ne suis pas non plus très aguerri à cet exercice, et je peine à me concentrer. Cependant, il est évident que je ne peux pas rester sur cet argument si je veux progresser ! sans entraînement, je ne progresse pas; sans progrès, pas de motivation; sans motivation, ... pas d'écriture !
D'autres raisons : j'ai peu confiance en mon style, que je trouve soit trop pompeux, soit trop naïf. Mais là encore, sans pratique régulière, je ne peux rien changer, ni rien apprendre de nouveau. Ensuite, je trouve qu'il y a déjà tant de livres, d'articles, de témoignages, de blogs, .... Ce serait presque immoral de contribuer à la masse. Il y a alors l'enjeu de l'originalité, du service rendu au lecteur, de l'intérêt clinique, ... tant d'enjeux qui sont probablement aussi de nature narcissique (ce serait un comble qu'on ne me lise pas !). Il est nécessaire que j'écrive, c'est tout ! Il y a aussi les autres types de gains qui permettent habituellement de décider de s'engager à faire cet effort : l'argent (écrire est très peu rémunérateur), la notoriété (écrire est rarement une garantie de se faire connaître), l'amour (qui a envie de passer sa vie avec un écrivain laborieux, à part les narcissiques. Et là, non merci). 
 
Quels seraient les motivateurs ?
D'abord, le bâton ! s'engager à écrire ! Il y a plusieurs opportunités valables (et valorisantes) pour écrire : un article dans les revues professionnelles, les restitutions de cas de supervision, les séminaires et autres conférences, et puis ce blog, écrire un livre (voire des livres!)
Les motivateurs dont j'ai parlé au chapitre précédent, et qui sont assez médiocres de premier abord : la notoriété au premier chef. Ils ne sont peut-être pas avouables, et mêmes ridicules vu le peu de chance qu'ils se concrétisent. Mais ils peuvent être suffisamment motivant dans les cas où écrire est tout à fait barbant : l'urgence, faire entrer une habitude, la nécessité d'un cas clinique, ...
 
Les outils, les supports
J'utilise plusieurs outils pour conserver tout ce travail : d'abord mes carnets et mes dossiers de suivi clinique. C'est même la principale source
 

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